Publié par
Louis Winsberg

« LIVE AUGMENTÉ »

Depuis toujours, la chose qui m’a le plus fasciné dans l’art qu’est le jazz, est le rapport entre écriture et improvisation.

Quel musicien de jazz n’a pas rêvé d’improviser une musique qui pourrait être aussi « parfaite » qu’une composition écrite, mûrement construite et réfléchie, avec en plus la magie du moment présent, de la fraicheur du « Temps Réel ».

Plus que la recherche sur le rythme, sur l’harmonie, sur les sons, celle-ci est certainement la plus  fondamentale à mes yeux.

Les compositeurs classique des siècles derniers (Mozart, Beethoven, Bach, Chopin …) étaient tous des improvisateurs, et leur bande magnétique étaient à l’époque le papier musique.  La seule tradition d’improvisation dans la musique classique qui perdure aujourd’hui est l’orgue liturgique qui réalise en direct des formes improvisées.

Le jazz, lui est naturellement né au même moment que l’enregistremment , les rouleaux d’abord, de la bande magnétique, jusqu’au numérique d’aujourd’hui.

Mais l’improvisation collective existait elle à l’époque ?

Peut-être… pas à ma connaissance en tout cas.

Le travail ici effectué est au cœur de cette démarche ;

J’ai eu ce rêve très jeune, vers 15 ans d’avoir un jour mon studio, et de pouvoir à souhait enregistrer des improvisations, et ensuite les orchestrer, et les  enrichir avec d’autres couleurs…

Sérendipité…

En fait je n’avais pas prévu qu’un jour  , en organisant une soirée « Jazz en Hiver » dans mon beau village d’Eygalières, j’allais improviser avec deux musiciens exceptionnels que sont JL Difraya et Patrice Héral, que j’avais justement invité pour ce faire,  et qu’il allait en sortir une musique que nous allions fixer sur bande…pour toujours.

Live :

L’enregistrement à donc été réalisé d’une façon très « reportage sonore », comme je fais à chaque fois, avec un Olympus (enregistreur numérique) posé sur une table jonchée de verres de blanc et de rouge, en position MP3 compressé…juste pour le travail d’auto-critique et  de témoignage. Un peu d’angoisse que les piles ne tiennent pas jusqu’au bout !

Ce n’est que qq jours plus tard, que ma curiosité m’attira vers mon Olympus, ayant eu un grand sentiment de liberté et d’énergie  lors de cette première rencontre !

Et de l’écouter 1 fois, deux fois, dix fois…un peu ébahi par  la circulation de la musique, la richesse des couleurs, des rythmiques et des voix…

Quel dommage qu’un multipiste n’ai pas été là , au café de la Place, pour capter ce « premier baiser » , avec un son exploitable…

L’idée me vint alors…

Augmenter…

Je me suis dit , « en fait  nous n’avons que les micros d’ambiance stéréo, il nous manque la sortie de console… »

J’ai mon studio multipiste à la maison, nous allons reconstituer la sortie de consoles, en enregistrant, au plus près ce que nous avions joué en live, pour pouvoir rendre la chose « mixable », et donner de la profondeur au son.

Donc doubler  toutes les rythmiques, les solos, les voix etc….

Ayant conscience de la somme de travail que cela allait représenter à l’échelle d’un album entier, j’ai d’abord essayé sur un titre… « Rock Around Midnight » !

Le résultat me plût, le travail encore plus, j’avais trouvé une façon de faire , qui stimulait mon imaginaire, chose

la plus importante à mes yeux…

Le temps du confinement  a joué en ma faveur, pour réaliser cet opus, que j’aurais pu  appelé aussi « Temps Iréel »…

Entretemps j’avais retravaillé un peu les structures des impros live, soit en les raccourcissant  , soit en réalisant  qq loop, mais sans jamais sortir du matériau musical des improvisations de départ.

Par la suite je me suis permis, d’enrichir aussi des parties,

soit au niveau du groove, au niveau des couleurs sonores ou harmoniques, de les « Augmenter » en quelques sortes !

Il n’y a qu’un seul titre qui déroge quelque peu à la règle.

C’est une impro ou je jouait à la base en Live le Saz Bass, et que j’ai coupé en deux ; Sazrap et Rapsaz .

Pour pouvoir extraire 2 titres un peu plus « civilisés » en terme de durée (moins de 5 mn), j’ai décidé de les retravailler même au niveau thématique…

Mais nous sommes resté pour cela fidèle au concept d’improvisation au moment d’enregistrer des voix ou des guitares supplémentaires…

Je me suis permis également  dans cet album de doubler mes basses de guitare (originalement avec un octaver) ici avec le Saz Bass d’Hervé Prudent, mon luthier de toujours….

Voilà les secret de fabrication de cet album si particulier dans mon parcours, et qui m’ouvre plein de nouvelles façons de capter l’émotion musicale…

Louis Winsberg