Publié par
Jaleo

Winsberg & JALEO

6moons

 

 

 

 

Sunnyside Communications
2001

6moons-winsberg-jaleoLes « Jaleos » , sont  les encouragements vocaux typiques scandés lors d’une fiesta flamenca, tel que « Olé ! Hassa », ou encore des commentaires furtifs et toniques que  partagent les « palmeros » (claquement de main ), les danseurs ou les autres musiciens quand un soliste joue des choses exceptionnelles ou particulièrement inspirées.
« Jaleo » est aussi le titre du CD d’aujourd’hui, indiquant ainsi que cette performance à été pensée comme un « hymne enthousiate » dédié à l’art du flamenco ; et c’est effectivement le cas.

L’origine bien connue des Gitans venant du Rajasthan, ayant migrés en Europe , et à leur tour se nourissant des cultures diverses le long de cette route, devinrent Roms, Tziganes, Gipsys, Perses, Egyptiens, Maures, Gitanos,  Sinti, Manouche et Andalous, ont servi d’inspiration à l’hommage de Louis Winsberg à cet univers « Gitan ».

Né dans le sud de la France, prés d’Avignon  et intégré dans le milieu des fiestas gitanes tardives , Winsberg qui joue  les guitares électriques, acoustiques et flamenca (mais aussi la sitar électrique, le bouzouki, la mandoline , le rebab  etc…), s’entoure d’une solide équipe ; il y a Jean-Baptiste Marino à la guitare traditionelle flamenca, Nanda Kumar aux tablas, percussions indiennes et voix, José Montealegre à la voix lead, Norbert Lucarain au vibraphone, marimba, percussions, guimbarde et chœurs, Jean-Christophe Maillard aux Saz, synthétiseur,guitares et voix, Isabel Pelaez aux voix lead, palmas et dance, et enfin Miguel Sanchez aux cajon, percussions, palmas et chœurs.

Il n’existe aucun précédant digne de ce nom à « Jaleo », concernant l’équilibre et la modernité, qui rappelle d’ailleurs un language assez« Methenien », spécialement de la période « Secret Story ».
Winsberg tisse autour de l’esthétique du jazz de Pat Metheny, avec l’utilisation de la guitare synthétiseur et de la voix humaine d’une manière instrumentale, un univers authentique, sans dénaturer l’esprit « flamenco ».

Les influences « Arabes » ont déjà été explorées notamment dans « Emma », un album de Pascal Gallo, un jazz hybride, avec Gerardo Nunez, Tomatito, et le pianiste Diego Amodor, pour les plus connus. Mais personne n’a tenté et réussi à amener le flamenco  aussi loin des sentiers battus, sans  pour autant diminuer, diluer ou bien encore s’éloigner de la nature essentielle du flamenco.

Essayez d’imaginer une évocation  du Mantrica de Anant Jesse, une voix qui chante un Mantras ancien, avec des harmonies superposées d’accords diminués et altérés,  et progressions d’accords  audacieusement chromatiques dans le thème « Ragalegria »… ou encore de quelle manière  parfaite la sitar electrique, le vibraphone et les tablas complètent les traditionnels cajon et guitare flamenca.

Également, de voir à quel point le « cante flamenco » en parallèle aux onomatopées rythmiques indiennes et aux riffs de jazz vocal, s’enrichissent plutôt que s’annulent, allant même au-delà de l’amalgame novateur Encuentro (Nuba 7702) qui superposait des ensemble Karnatic et flamenco en 1995. Il est presque un cliché de parler de la tendance qu’a le  flamenco à absorber les influences contemporaines, et au final a se les approprier.
Mais il n’y a pourtant pas de sortie d’albums flamenco dans les 5 dernières années, qui n’ai poussé la démarche aussi loin.
Jaleo réussi à fusionner ces   influences apparemment « disparates », ce qui prouve que cela marche parfaitement ; premièrement en restant profondément ancré dans l’essence même de la tradition, et ensuite en ouvrant les portes  d’un temple pleinement incarné , aux visiteurs, afin qu’ils y entrent et  y partagent les trésors.

L’aspect  le plus impressionnant , et vraiment sans précédant dans tout ça ? La profondeur et la dimension du rapport à la « mort », qui permet à ce projet entier d’être d’une extrême modernité.

Que pourrait-on dire  d’autre qui parvienne à vous préparer à l’irrésistible invitation vraiment unique de Jaleo ?
C’est comme un aperçu de ce que le flamenco est destiné à devenir.

C’est Pat Metheny qui surgit des caves sacrées du Sacromonte (en imaginant qu’il ait grandi dans les quartiers gitans pour le faire d’un manière aussi crédible)…

Chacun se demande alors comment  imaginer l’évolution de la démarche de Jaleo, mais il y a tant de créativité et d’ingéniosité qui coule dans cette musique, que l’on est sûr que Winsberg et ses co-équipiers, sortiront  enrichis de ce  voyage.

Chapeau bas, cet « inattendu » album JALEO marque un signe fort.

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